Inauguration du C20 : discours d’Amma
March 20, 2023 | English
Amma a présidé à l’inauguration du C20 qui s’est tenue à Nagpur, Maharashtra. Amma est le premier guide spirituel à avoir été nommé à la présidence du C20, qui réunit dans le cadre du G20 la société civile et les organisations non–gouvernementales. Comme l’Inde est le pays qui reçoit cette année le G20, le sommet se tiendra à New Delhi, en septembre. Dans son discours, Amma nous dit que l’humanité ne peut pas survivre si les nations, les races ou les religions s’isolent. Cette Terre appartient à nous tous.
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Amma se prosterne devant vous tous, qui êtes des incarnations de l’Amour pur et du Soi suprême.
Amma est très heureuse de participer à ce sommet, un des plus prestigieux parmi les conférences organisées par le C-20, et de rencontrer personnellement les membres éminents du comité directeur ainsi que les porte-paroles des organisations de la société civile et des ONG, qui nous apportent leur précieuse contribution dans cette entreprise.
L’humanité se trouve actuellement confrontée à des difficultés multiples et extraordinaires. Il existe également de nombreuses difficultés sur des plans subtils, que nous ne sommes peut-être pas en mesure de percevoir ou de comprendre. En ce moment, les êtres humains ont besoin de deux qualités : la sagesse de reconnaître le problème, et la disposition intérieure et l’intelligence de le corriger.
Malheureusement, nous ressemblons à un étudiant qui n’ouvre ses livres que la veille de l’examen. C’est seulement quand nous sommes au bord de la catastrophe que nous pensons correctement, que nous comprenons qu’il faut faire quelque chose.
La pandémie COVID fut une période d’épreuves qui a duré trois longues années. Pendant que nous traversions cette crise, les gens ont résolu de faire mieux à l’avenir. Beaucoup ont peut-être fait le vœu de changer leur vision des choses. Mais de telles résolutions ne durent pas longtemps. Inévitablement, les gens retombent dans leurs vieilles habitudes.
L’avenir n’appartient pas aux entités isolées, divisées, mais à celles qui se mêlent aux autres et coopèrent avec elles. Les pays et les sociétés qui s’efforcent de se développer isolément échoueront à coup sûr. Ceci est un avertissement que la nature donne à l’humanité. Que notre mantra soit donc « Ensemble » et non « Chacun pour soi ».
L’humanité possède certes un certain degré de liberté et peut choisir sa façon de vivre. Nous ne pouvons cependant pas changer les lois de la nature comme on change de chaîne télévisée. Dieu et la Nature fonctionnent en incluant tout et tous. Seul l’être humain pratique l’exclusion.
Tous ceux qui vivent en ce monde doivent obéir à la loi universelle de l’inclusion. Si nous essayons d’imposer par la force des lois d’exclusion, il n’en résultera que la rupture de l’harmonie et le danger. Ce qui nous arrive aujourd’hui résulte du fait que de nombreuses personnes interfèrent avec la structure de l’univers. Tout en essayant de changer la situation extérieure, nous devons aussi être prêts à changer notre mentalité.
Amma se souvient d’anecdotes de son enfance : les parents enseignaient à leurs enfants à bien se conduire, à dire la vérité, à être aimable avec tous, à aider les autres, à bien étudier à l’école. Mais aujourd’hui, on entend des parents dire à leurs enfants qu’il faut être intelligent, astucieux, être un gagnant, et ne pas avoir de contact avec ceux qui sont en-dessous de soi.
Ma mère m’a donné l’exemple il y a soixante-cinq ans de cela. Le village où je suis née comprenait environ mille foyers. La plupart étaient des familles élargies qui comptaient de nombreux membres. Seule une centaine de familles étaient à l’aise. Les autres familles vivaient de la pêche quotidienne, et ne mangeaient que si la pêche rapportait ce jour-là. Sinon, elles jeûnaient. Elles n’avaient pas de compte en banque.
Si le repas était prêt plus tôt chez nous, ma mère pensait d’abord aux voisins et disait : « Ce voisin n’est pas encore rentré de la pêche ; les enfants doivent avoir faim. » Alors elle faisait un paquet de nourriture pour deux ou trois des enfants et me disait de le leur apporter. Mais elle s’inquiétait aussi de ses propres enfants. « Attendez un peu, disait-elle, je vous donnerai à manger dans un moment. »
Si un visiteur arrivait à l’improviste, ma mère le servait d’abord, puis elle nous donnait l’eau de riz avec de la noix de coco râpée. Après le départ du visiteur, ma mère s’inquiétait : « Était-il satisfait ? Était-il rassasié ? » Voilà l’exemple que nous donnaient nos mères, dès le plus jeune âge.
Aujourd’hui, le fait d’être bon, prêt à aider autrui, risque d’être considéré comme une faiblesse, et la tromperie et le mensonge comme des forces. Par exemple, Dhritarashtra et Gandhari avaient élevé leur méchant fils, Duryodhana, avec cette mentalité irrationnelle. Notre société prend la même direction. Les valeurs universelles devraient être enseignées aux enfants dès le plus jeune âge, chez eux comme à l’école. Quand on marche sur du ciment frais, les empreintes y restent gravées.
Ainsi, quand les valeurs humaines sont inculquées dès l’âge tendre, elles restent gravées en nous pour la vie, ce qui bénéficie tant aux autres qu’à nous-même. Il y a 60 ans, quand j’étais en CM1, il y avait environ soixante élèves par classe. Quinze à vingt pour cent d’entre eux apportaient leur déjeuner à l’école.
Les autres enfants buvaient de l’eau pendant la pause déjeuner pour calmer la faim, puis s’asseyaient tranquillement sous un arbre. Ils n’avaient pas pris de petit déjeuner non plus.
J’avais une amie qui habitait deux maisons plus loin. Elle apportait un gros déjeuner mais n’en mangeait qu’une petite partie et jetait le reste. Je lui ai dit : « Tu apportes plus que tu ne peux manger. Pourquoi ne pas partager notre nourriture avec une camarade qui a faim ? »
L’amie a accepté. Deux ou trois jours plus tard, d’autres enfants aussi ont partagé. En deux semaines environ, tous les enfants qui jeûnaient ont été invités par les autres, qui partageaient. Finalement, personne ne se passait plus de déjeuner dans cette classe. Ainsi, si nous sommes attentifs, nous pouvons certainement créer une transformation.
Dans ce monde, il existe deux sortes de pauvreté. La première, c’est le manque de nourriture, de vêtement, d’abri. La seconde, c’est le manque d’amour et de compassion. Si nous avons de l’amour et de la compassion, nous pourrons aussi soulager la souffrance de la première catégorie de personnes. Ce sont ces qualités qu’il nous faut cultiver.
L’énorme bond en avant de la science et de la technologie, auquel s’ajoute un mauvais usage de l’Internet et une augmentation de la consommation de drogues chez les jeunes, tout cela contribue à la crise actuelle.
Prenons l’exemple de la technologie. Elle a certes révolutionné la vie humaine, mais ses aspects néfastes soulèvent des inquiétudes alarmantes concernant l’avenir de l’humanité. Nous voyons maintenant grandir une génération dépourvue de conscience et de valeurs morales, et quel est le résultat ? La violence sous toutes ses formes augmente.
Nous sommes tenaillés par la peur, en marchant dans la rue, en faisant les courses, en travaillant au bureau, en allaitant notre enfant à la maison, ou sous la douche. Nous avons même peur d’utiliser des toilettes publiques ou de fredonner.
Pourtant, nous nous vantons d’être « modernes et sophistiqués ». Autrefois, il était facile de discerner l’ami de l’ennemi. Mais aujourd’hui, c’est le contraire ! Impossible de savoir quand un ami va se retourner contre vous, ni où, quand et sous quelle forme un adversaire peut attaquer.
Je me rappelle une histoire à ce sujet. Dans une petite ville vivait un voyou bien connu. Au crépuscule, il se postait au carrefour principal et tourmentait tous les passants. Il molestait les femmes, frappait les hommes et s’emparait de leurs affaires. Par crainte du brigand, les gens évitaient ce quartier à la nuit tombée. Ils empruntaient d’autres rues, faisaient des détours.
Et un jour, soudainement, la nouvelle se répandit : le brigand était tombé malade et il était mort. Généralement, seules les femmes restent chez elles quand il fait nuit. Mais on ne voyait plus un seul homme dans les rues ! Quelques jours plus tard, un journaliste arriva et demanda ce qui se passait.
« Il y avait un voyou ici », lui expliquèrent les habitants. « Tant qu’il était vivant, nous savions où il se tenait le soir, à quel coin du carrefour. Il suffisait d’éviter ce coin-là, pour ne pas être en danger.
Mais maintenant, c’est son fantôme qui nous tourmente. Un fantôme n’a pas de forme particulière. Personne ne sait quand, comment, où et sous quelle forme il va attaquer. De plus, il est encore plus fort qu’avant car sa forme est maintenant subtile ! »
De même, les découvertes récentes, les sophistications, ont généralement un aspect nuisible. Les problèmes, autrefois évidents, ont pris une forme subtile et non plus tangible. Ils sont donc devenus plus graves.
La technologie est très importante. Elle nous a facilité la vie, elle nous la rend confortable.
Mais en même temps, l’abus de la technologie augmente aussi ainsi que ses dangers. Il est essentiel de mener des recherches approfondies sur l’impact négatif d’une nouvelle invention ou découverte.
Il ne faut jamais permettre que « le nouveau » piétine « l’ancien ». Le proverbe « Mieux vaut prévenir que guérir », s’applique parfaitement à ce domaine. Les nouvelles découvertes peuvent présenter des dangers inconnus et nouveaux. Avant que de telles découvertes deviennent un problème permanent pour la société, il faut trouver des solutions à leurs conséquences potentiellement néfastes et aux menaces qui pourraient surgir. Le monde nous offre des expériences innombrables, douces ou amères. Considérons les toujours comme des occasions de pratiquer l’introspection.
La population du monde ressemble à une belle guirlande composée de fleurs multicolores aux formes variées. La diversité des fleurs rehausse la beauté et le parfum de la guirlande. Pour que la culture humaine fleurisse, ce mélange sain des diversités est essentiel. Une seule nation, race ou religion ne peut pas s’isoler et survivre. Cette Terre appartient à nous tous.
Certes, notre gouvernement, sous la direction éclairée du Premier Ministre Narendra Modi, a permis d’accomplir de grands progrès, ce qui est en train de créer une immense transformation.
Amma voudrait citer quelques exemples de nos différents projets, afin que les gens prennent conscience des problèmes. Il y a environ dix ans, l’ashram a adopté de nombreux villages en Inde. Nombre d’entre eux cultivaient uniquement le blé. Leur nourriture incluait uniquement le blé qu’ils cultivaient, on a donc constaté que leur immunité était déficiente, ce qui induisait des maladies variées. Ils auraient pu troquer un peu de leur blé contre des légumes, mais ils ne le faisaient pas.
Dans un autre groupe de villages, les paysans n’avaient pas conscience des changements survenus dans l’environnement et le climat. Ils cultivaient encore selon leurs anciens schémas. Mais les pluies ne tombaient plus au même moment, ils n’ont pas eu de récolte et ont souffert de la faim. La plupart d’entre eux ne souhaite pas quitter le village pour travailler ailleurs. Alors au lieu de partir pour gagner leur vie, ils restent chez eux, affamés.
Dans d’autres villages, les pluies imprévisibles, la diminution de leurs revenus, ont poussé les paysans à cultiver la marijuana. Au départ, ils ne voulaient pas le révéler mais ensuite, ils ont expliqué qu’ils avaient changé de culture parce qu’ils gagnaient beaucoup plus d’argent (500 000 roupies en 3 mois). Nous voyons donc comment ils font les mauvais choix et contribuent à détruire de nombreuses vies.
Le gouvernement a instauré des plans spécifiquement destinés à encourager la récupération de l’eau de pluie. Mais malheureusement, ces villageois ignoraient comment demander à bénéficier de ces plans, ils ont donc manqué l’occasion d’apprendre. Dans l’un des villages adoptés, nous avons installé des systèmes pour récupérer l’eau de pluie. Dès lors, de meilleures récoltes, un meilleur revenu, ont conduit les paysans à renoncer aux fraudes.
Dans certains villages, nous avons constaté que par manque d’eau potable, les villageois buvaient de l’eau contaminée. Ils contractaient des maladies comme le choléra. L’université a fait des recherches pour trouver une solution et a conçu un filtre appelé Jivamritam (le nectar de la vie).
Pour le tester, nous l’avons d’abord installé près de l’ashram d’Amritapuri. Nous avons constaté que les cas de maladies contagieuses comme le Chikungunya diminuaient. Amma a ensuite fait installer ces filtres dans les villages adoptés. Il en a résulté dans ces régions une diminution significative des maladies transmises par l’eau.
Dans d’autres villages, nous avons vu que les femmes marchaient chaque jour de longues distances pour aller chercher l’eau nécessaire. Elles passaient tout leur temps à aller chercher l’eau et à faire le travail domestique. Nous avons fait forer des puits, pour qu’elles aient l’eau à proximité. Mais nous avons découvert ensuite que ceux qui vivaient près du puits et avaient accès à l’eau la gaspillaient sans discernement.
Amma sait qu’il y a maintenant des projets lancés par le Premier Ministre pour amener l’eau à tous les foyers, mais les villageois qui habitaient près des puits gaspillaient l’eau. L’université a réussi à créer une application qui surveille l’usage de l’eau. On peut ainsi facilement détecter et corriger le gaspillage.
La principale source de revenus dans quelques villages, c’est l’élevage et les produits laitiers. On leur achetait souvent le lait en les payant la moitié du prix normal. Les pauvres fermiers travaillaient sans relâche pour un maigre gain, qui leur permettait à peine de vivre. Nous sommes intervenus et avons fondé une coopérative laitière, qui assure à ses membres un marché pour la vente de leur lait. Depuis, leur travail leur procure un bon revenu.
Dans certaines écoles rurales, nous avons découvert des classes uniques. Par exemple, les élèves de CE1, CE2, CM1 et CM2 étaient tous dans la même salle de classe. Les élèves étaient assis dans quatre directions différentes, mais il n’y avait qu’un seul instituteur. Le même instituteur enseignait aux différents niveaux !
Quand ces enfants passaient du primaire au secondaire, ils ne pouvaient pas surmonter leurs difficultés, par exemple suivre les cours en anglais. Les enfants mis dans cette situation déprimaient et quittaient l’école. Pour parer à cela, les enseignants de l’université ont proposé des cours particuliers en ligne. Nous commençons à voir une amélioration du niveau de ces élèves.
Un des problèmes que nous avons rencontrés, c’est que même si les téléphones étaient fournis par le gouvernement, l’absence d’une connexion Internet stable dans ces campagnes rendait l’apprentissage en ligne impossible. Dans de tels endroits, il faut trouver un lieu dans le village où l’Internet passe et fournir un écran de télévision pour que les enfants puissent regarder et apprendre. D’autres organisations et universités peuvent adopter cette méthode et offrir des cours en ligne aux enfants.
Pendant la pandémie du COVID, le gouvernement a veillé à ce que toutes les écoles donnent des cours en ligne aux enfants. Mais dans les villages, beaucoup d’enfants n’ont pas pu profiter de ce service parce qu’ils n’avaient pas accès à Internet.
Il y a plus de 33 ans, nous avons construit de petites huttes dans une région forestière, dans la région tribale d’Attapadi au Kérala pour pouvoir scolariser les enfants. C’était avant que nous reprenions la direction d’un orphelinat. Nous avons fait venir des enfants de ces villages tribaux à l’orphelinat et leur avons donné une éducation solide. Aujourd’hui, beaucoup de ces enfants ont terminé leurs études supérieures et certains sont devenus ingénieurs. Actuellement, quatre cents enfants vivent à l’orphelinat.
Dans la plupart des villages, il y a maintenant des écoles. Mais les enfants doivent souvent marcher pendant des kilomètres, surtout dans les montagnes, pour arriver à l’arrêt du bus scolaire. Pour une famille de trois enfants scolarisés, les frais de transport scolaire s’élèvent à trois mille roupies par mois en moyenne. En conséquence, le nombre d’enfants qui quittent l’école augmente.
Le gouvernement fournit l’électricité, mais dans certains endroits, le voltage est faible, les élèves ne peuvent donc pas utiliser efficacement les ressources éducatives offertes en ligne. L’installation de transformateurs aurait coûté cher. Alors nous avons installé des panneaux solaires, pour que les enfants aient du courant sans interruption et puissent apprendre en ligne. Dans d’autres régions, nous avons développé de mini centrales hydrauliques, en utilisant les cascades proches comme source d’énergie renouvelable, et le courant produit a bénéficié au village.
Un des engagements pris par le gouvernement dans le domaine de la santé, c’est de fournir des vitamines et d’autres suppléments aux femmes enceintes. Toutefois, cela ne suffit pas pour assurer la santé du fœtus. Si on donne de l’engrais à un manguier qui est déjà en fleurs, ses fruits ne seront pas meilleurs. Les fruits peuvent se flétrir et tomber, être rabougris ou infestés de vers.
C’est dès l’enfance qu’il faut donner aux femmes une alimentation nutritive, qui fortifie leur immunité. Il faut inciter les villageoises à planter des arbres et des plantes ayurvédiques, et leur enseigner comment cuisiner différents plats avec les feuilles. Cela renforcera leur système immunitaire. Il y a soixante-cinq ans, dans nos villages, une fois par semaine, ma mère préparait nos repas en y ajoutant des feuilles médicinales ayurvédiques.
Il est difficile de faire venir des médecins et des enseignants dans les zones reculées. Il y a 33 ans, nous avons fondé un hôpital pour les tribus à Kalpetta (Wayanad, Kérala). Comme deux anges tombés du ciel, deux docteurs ont accepté d’y travailler. Ils sont venus animés d’un amour profond pour le service de l’humanité. Mais aucun malade n’était prêt à venir à l’hôpital.
Ces médecins ont dû se déplacer, aller dans les hameaux des tribus, en apportant de la nourriture et d’autres choses. Ils ont fait du porte-à-porte, offrant leurs services pour examiner et soigner les malades. C’est ainsi qu’ils ont développé de bonnes relations avec les communautés et aujourd’hui, une moyenne de trois cents malades par jour viennent à l’hôpital.
Nous avons organisé des réunions de villages où hommes et femmes sont venus. Mais bien qu’une femme ait été présidente du panchayat, seuls les hommes parlaient. Les femmes gardaient le silence. Quand nous avons compris que nous ne pouvions pas connaître l’opinion des femmes dans la réunion de village, nous avons organisé des réunions séparées pour les femmes. À notre surprise, les femmes se sont alors exprimées avec vivacité.
La première chose à faire, quand on va dans un village pour la première fois, c’est de comprendre quelles sont leurs normes culturelles et leurs pratiques. Il y a 10 ans, nous avons adopté plus de 108 villages. Maintenant, nous travaillons dans plus de 500 villages. Pour comprendre le fonctionnement social et les perspectives sociales, nous employons au minimum deux personnes du village.
Un autre souci immédiat, c’est la santé mentale des enfants après la pandémie du COVID. Les enfants semblent bien différents de ce qu’ils étaient auparavant. Quarante pour cent des enfants sont totalement différents, leur comportement a changé, et leur santé mentale aussi.
Il y a quinze ans, Amma avait encouragé dans certains pays des médecins dévots à offrir de tels services aux enfants dans les écoles en centre-ville. Cette suggestion vient de notre expérience : nous avons vu la différence chez ces enfants. Si on prend le problème au début et qu’on offre un soutien à temps, cela peut éviter que le problème s’aggrave et engendre des troubles psychologiques.
Voici ce que l’on peut faire : des psychologues et des psychiatres qui ont le désir d’aider peuvent se mettre en contact avec des écoles, lycées et universités et offrir deux ou trois heures de consultations gratuites par semaine à ces élèves.
Dans les régions reculées où il n’y a pas de médecin disponible, on peut faire venir des cliniques mobiles et offrir des camps médicaux fréquents et gratuits. On peut fournir des services de télémédecine pour diagnostiquer et soigner les maladies à distance, grâce aux télécommunications.
Autrefois, on mettait de la bouse de vache sur les plaies pour accélérer la guérison. Si on faisait cela aujourd’hui, la plaie s’infecterait. Tout ce qui était médicinal est maintenant toxique. Autrefois, le bétail était nourri avec des galettes de sésame, cacahuètes et noix de coco et avec du foin sans pesticides. En conséquence, tout ce qui provenait d’une vache, le lait, l’urine et la bouse, était médicinal.
Nous avons multiplié par cinq l’usage des pesticides. Maintenant que le nourriture du bétail est aspergée de pesticides, tout ce qui était jadis médicinal est devenu toxique. Voilà à quel point le monde est pollué. Il est important d’éveiller la conscience des gens. Il ne suffit pas qu’un diabétique prenne ses médicaments, il doit aussi suivre régulièrement son régime.
L’honorable Premier Ministre Narendra Modi a lancé de nombreuses plans d’aide sociale, mais comme des sangsues qui collent à la peau, beaucoup de villageois préfèrent rester chez eux, ils ne vont pas au magasin qui distribue les rations, ils ne réclament pas ce à quoi ils ont droit.
Il est important de veiller à ce qu’ils utilisent vraiment les avantages qu’on leur donne.
Le besoin urgent du moment, ce sont de bons dirigeants, dotés d’une vision holistique. Nous n’avons pas besoin de ceux qui parlent le langage de la guerre, mais de ceux qui répandent le message de la paix. Le monde aujourd’hui n’a pas besoin de séparation et de division, mais d’union.
Le mental est comme une paire de ciseaux tandis que le cœur est comme une aiguille. Pour faire un vêtement, il faut couper et diviser avec les ciseaux, puis réunir les morceaux et coudre avec une aiguille. Il faut employer le mental et le cœur, chacun à sa juste place.
Le cœur est comme un parachute. S’il ne s’ouvre pas, nous sommes en danger. Puissions-nous tous être dotés d’un grand cœur, ouvert, capable de réunir les gens et d’éliminer toutes les différences.
L’Inde, Bharat, est le pays de la spiritualité. Les vibrations des austérités spirituelles et du sacrifice accomplis par nos rishis d’autrefois sont présentes aujourd’hui encore dans l’atmosphère. Les rishis ont fait l’expérience que l’atma (la conscience, le Soi) présent en tout objet de la création, qu’il soit animé ou inanimé, est le même en tous, et que « je suis cette vérité suprême ».
Sachant cela, leur prière était la suivante :
sarve bhavantu sukhinah
sarve santu niraamaya
sarve bhadraani pashyantu
maa kaschit dukhabhaag bhavet
« Puissent tous les êtres être heureux, sans souffrance. Puissent tous les êtres ne voir que le bien qui est en toute chose. »
Nous sommes très pressés de nous relier à la science, à la technologie et à l’Internet, mais dans bien des domaines, nous sommes complètement déconnectés. Nous sommes déconnectés de notre vrai Soi, notre atma.
Nous sommes déconnectés de notre environnement et de la Nature. Nous sommes déconnectés de l’amour et de la vie, et cela nous a déconnectés de Dieu. Et ce qui est essentiel, nous sommes déconnectés des valeurs spirituelles, qui peuvent guérir toutes les déconnections dans notre vie.
Il y a une éducation pour gagner sa vie et une éducation pour vivre. Dans les gurukulas de jadis, on apprenait les deux. Quand on étudie à l’université, pour ensuite décrocher un emploi, c’est l’éducation pour gagner sa vie. L’éducation pour vivre requiert la compréhension des principes essentiels de la spiritualité. L’éducation pour vivre climatise le mental, tandis que la première ne procure que la climatisation extérieure.
Pour apporter des changements au monde, il faut climatiser le mental. Les humains ont appris à voler comme des oiseaux et à nager comme des poissons, mais ils ont oublié comment marcher et vivre comme des humains. Le Créateur et la création ne sont pas différents, ils ne font qu’un. Le Soleil n’a pas besoin d’une bougie pour l’éclairer. L’or est présent dans les bijoux en or, et les bijoux sont potentiellement contenus dans l’or.
Ainsi, voyons Dieu en chacun, aimons et servons tous les êtres. Même si nous conduisons avec vigilance, un autre conducteur peut se montrer imprudent et provoquer un accident. Voilà pourquoi, quelle que soit la situation, nous avons besoin de la grâce de Dieu. Afin de recevoir cette grâce, il s’agit de faire de bonnes actions.
Il existe un rythme sous-jacent à notre univers. L’univers et tout ce qui y vit sont reliés par un lien que rien ne peut briser. Le cosmos est comparable à un vaste réseau, où tout est relié. Imaginez un filet tendu, dont quatre personnes tiennent les quatre coins. Si on le secoue légèrement à un coin, la vibration traverse le filet entier.
Ainsi, que nous le sachions ou non, toutes nos actions, individuelles ou collectives, se répercutent dans l’ensemble de la création. Alors ne pensons pas : « Je changerai une fois que les autres auront changé. » Même si les autres ne changent pas, si nous changeons, il se produira un changement en eux.
Depuis l’aube des temps, le mantra de la terre de l’Inde a été : « Le monde est une famille. »
Il l’est encore aujourd’hui, et il continuera de l’être à l’avenir. La présidence du sommet des nations G-20 est une occasion unique de donner au monde l’exemple de cette vérité. Puisse cette initiative, prise par l’honorable Premier Ministre Sri Narendra Modi et sous sa direction, par le gouvernement, inspirer un changement dans la vision du monde
Puissent des lampes innombrables être allumées à partir de cette flamme et portées dans le monde. Puisse la conque de ce grand yajna (offrande sacrée) résonner dans le monde entier.
Puisse-t-il ouvrir les portes fermées des cœurs humains ! Puisse-t-il apporter partout la lumière ! Puissiez-vous devenir la lumière !
Si nous voulons que nos actions donnent le résultat escompté, trois facteurs sont nécessaires : 1) le moment adéquat 2) l’effort personnel et 3) la grâce de Dieu.
Parfois, on part pour un long voyage. On quitte la maison tôt le matin. Même si on part de bonne heure, il se peut que la voiture tombe en panne et qu’on arrive trop tard à l’aéroport. Ou bien, une fois à l’aéroport, on apprend que le moteur de l’avion a un problème mécanique, ou que le temps est trop mauvais pour voler.
Pour mener nos actions à bien, nous avons besoin de la grâce de Dieu, et les bonnes actions attirent la grâce de Dieu. Faisons de notre mieux et prions pour obtenir la grâce divine.
Les concepts évoqués ici ne nous sont pas inconnus, mais puisqu’on a demandé à Amma de parler, elle a essayé de mentionner quelques idées et faits.
Faisons de notre mieux et prions pour que la grâce divine nous soit accordée.